Perdre un Enfant.
Perdre un enfant,
C’est scinder en deux son âme,
Regarder le ciel,
Sans apprécier son charme,
C’est goûter le miel,
Et trouver son goût infâme.
C’est un poignard dans le cœur,
Une épée,
Une lame,
Une cicatrice ensanglantée,
Dans le dos d’une femme,
Une main glacée,
Qui étouffe notre corps,
C’est le tourment du passé,
Qui nous hante encore et encore !
C’est croire que toutes ces années,
S’envole sans effort,
Qu’après la nuit,
Ne viendra plus jamais l’aurore,
Que le temps qui s’enfuit,
Nous laisse en dehors,
Sur le bord de la vie,
Attendant que la mort,
Nous accorde un peu de répit.
Perdre un enfant,
Est une brûlure,
Qui nous dévore comme des serpents,
Une eau transformée en cyanure,
Se noyer dans l’océan,
Une éternelle blessure,
Une étoile tâchée de sang,
C’est manquer d’air pur,
Même lorsque souffle le vent.
Perdre un enfant,
C’est faire un pas en avant
Et plonger dans un gouffre,
Survivre à une perpétuelle torture,
Vivre même si on souffre.
Être prisonnier entre quatre murs,
Condamné à respirer du soufre,
Subir une profonde déchirure,
Dans laquelle on s’engouffre.
Perdre un enfant,
C’est la tourmente de l’esprit,
Le bruit assourdissant,
De notre douce folie,
C’est vivre la vie,
Comme un sacrifice,
C’est être maudit,
Condamné au supplice.
C’est ne plus chanter,
Que des sanglots, que des râles,
Chercher la clé,
Pour enfermer ce cri infernal.
C’est esquisser des sourires,
Lorsque nos yeux débordent d’eau,
C’est ressentir,
Le monde comme un lourd fardeau,
C’est se sentir coupable,
De trouver le temps beau,
Penser que tout est fatal,
Eparpillé en lambeau,
Blindé son cœur de métal,
Surmonté de barreaux.
Perdre un enfant,
C’est ouvrir la boîte de Pandore,
Et en recueillir tous les maux,
Etre faible quand on est fort,
Mettre un pied dans le tombeau.
Perdre un enfant,
C’est s’interdire,
D’éprouver à nouveau la joie,
Construire pour démolir,
Eprouver sa foi.
Perdre un Enfant,
C’est rester dans l’ombre,
Car le soleil ne nous réchauffe plus,
Voir ses rêves teintés de pénombre,
Des souvenirs de plus en plus confus.
Perdre une enfant,
C’est l’embrasser sur une photo,
Car on ne peut atteindre le firmament,
C’est fuir à jamais les hôpitaux,
Voir le monde autrement.
C’est oublier ses passions,
Car tout n’est plus qu’artifice,
Perdre la raison,
Dans un bonheur désormais factice.
Perdre un Enfant,
C’est perdre le contrôle,
Etre soumis à un Tyran,
Car la mort qui nous frôle,
Chuchote encore le mot « maman ».
C’est s’abîmer dans le chagrin,
En cherchant le remède,
Priant pour que demain,
On ne nous dépossède,
Plus jamais des siens.
Perdre un enfant,
C’est voir mourir une partie de soi-même,
Pour celui qui avait le même sang,
Qui coulaient dans ses veines.
Exister à demi,
C’est être vide de moitié,
Lutter contre l’envie,
De tout abandonner,
Et de rejoindre son ange ailé,
Et être unis pour l’éternité.
Perdre un enfant,
C’est de plus avoir de mot,
Car les paroles n’ont plus de sens,
Quand ils nous font défaut,
Alors on reste dans le silence,
Enchaîné à tout jamais à son bourreau.
Il n’y a point de sentence,
Point de mot assez puissant,
Pour celui qui dès la naissance,
A combler ses parents.
Du berceau au tombeau,
On ne peut plus s’exprimer,
Il n’existe pas d’ Echo,
Pour coucher les sentiments sur papier.